Coronavirus en Belgique : mortalité, symptômes, transmission, traitements, vaccin, confinement, le vrai du faux

Alors que la pandémie de coronavirus a plongé la planète entière dans une situation digne des meilleurs (ou pires) films de fiction, de nombreuses questions demeurent.

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Par Sandro Faes Parisi

Alors que la pandémie de coronavirus a plongé la planète entière dans une situation digne des meilleurs (ou pires) films de fiction, de nombreuses questions demeurent. Taux de mortalité réel, symptômes, modes et niveau de contagion, période d’incubation, traitements, des chercheurs du monde entier tentent d’affiner les informations et les connaissances sur ce nouveau coronavirus venu de Chine baptisé SARS-CoV-2. L’espoir ? Trouver rapidement un vaccin efficace mais également améliorer la prévention, la détection, les traitements et surtout endiguer la propagation afin de pouvoir au plus vite relâcher la pression qui pèse sur les populations. Car s’il y a autant de confinements que de pays, voire de régions, une chose semble commune à toutes les populations, il n’est pas dans l’ADN de l’être humain de rester enfermé, en tout cas pas à long terme. De nombreux pays ont d'ailleurs entamé leur(s) phase(s) de déconfinement. Certains comme la Chine ou la Corée du Sud parlent déjà de deuxième vague et se retrouvent à faire marché arrière dans certaines régions et à revenir à des mesures de confinement. 

Symptômes du coronavirus ?

Coronavirus: mortalité, symptômes, transmission, traitements, incubation, le vrai du faux
Coronavirus: mortalité, symptômes, transmission, traitements, incubation, le vrai du faux © Ocskaymark - Getty Images/iStockphoto

Depuis le début de l’épidémie apparue en Chine et devenue pandémie mondiale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) rassemble et distille grande partie des informations, notamment celles relatives aux symptômes. Ceux-ci semblent d’ailleurs similaires partout dans le monde même si certains comme la perte d’odorat n’ont été détectés que plus tard en Europe.

Une fois dans l’organisme, le coronavirus SARS-CoV-2 se manifeste de diverses façons, à des degrés divers. Généralement, les premiers symptômes sont proches de ceux de la grippe saisonnière ou d’un gros rhume, fièvre et toux principalement. Certains patients présentent également des douleurs musculaires, une congestion nasale importante, un écoulement nasal, des maux de gorge voire une diarrhée.

Ces symptômes sont généralement bénins et apparaissent de manière progressive. Généralement c'est lorsque la fièvre devient élevée et que des problèmes respiratoires se manifestent qu'il devient impératif de (re)consulter voire de se faire tester, la technique du tampon naso-pharyngé ou écouvillon, a été la première utilisée afin de détecter les personnes infectées et demeure la plus fiable en cela qu'elle repose sur une analyse approfondie en laboratoire. L’examen radiologique pulmonaire est également utilisé afin de confirmer le développement du Covid-19 chez un patient infecté.

Dans les cas les plus graves de Covid-19, l’infection peut entraîner une double pneumonie interstitielle, un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) " avec les fameux "orages de cytokine", ce phénomène hyperinflammatoire peu connu mais qui aurait déjà été observé lors de l'épidémie de SRAS et sans doute déjà à l’œuvre lors de grandes pandémies grippales, telle la terrible "grippe espagnole", qui a tué environ 50 millions de personnes en 1918-1919.  

Certaines personnes, bien qu’infectées, ne présentent cependant aucun symptôme et se sentent bien, ce sont les asymptomatiques. La plupart des personnes (environ 80%) guérissent d’ailleurs sans avoir besoin de traitement particulier.


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Actuellement aucun médicament spécifique contre le coronavirus n'existe, la prise en charge consiste dès lors à traiter les symptômes. C'est pourquoi les premiers traitements utilisés sont originairement reliés à d'autres pathologies (Ebola, HIV, Grippes disparues...) ayant cependant la même symptomatologie. L'efficacité de ces traitements prend du temps tant les enjeux sont grands et les essais cliniques longs. Dès février, le virologue belge Marc Van Ranst  de la KUL avait évoqué la possibilité que la chloroquine (hydroxychloroquine), traitement utilisé pour la malaria, puisse être efficace contre les coronavirus et donc la version SARS-CoV-2 entraînant le covid-19. En Italie, le patient numéro 1, Mattia, a été traité avec succès avec un traitement utilisé habituellement contre le HIV. Il a pu depuis rentrer chez lui. 

Taux de mortalité ? Ce n'est pas une grippe

Dans le cas du coronavirus, les décès sont directement reliés à cette nouvelle maladie et le vécu s'en retrouve beaucoup plus difficile.
Dans le cas du coronavirus, les décès sont directement reliés à cette nouvelle maladie et le vécu s'en retrouve beaucoup plus difficile. © Naeblys - Getty Images/iStockphoto

Parmi les "carburants alimentant la psychose" générée par le coronavirus (et la plupart des maladies en règle générale), son taux de mortalité. Si dans un premier temps, l’information diffusée faisait état d’une mortalité bien inférieure à la grippe saisonnière, il semble que cela soit relatif. Le covid-19 est en fait plus mortel que la grippe saisonnière, mais moins virulent que les précédentes épidémies liées à un coronavirus : voilà où semble se situer la réelle dangerosité du coronavirus. La difficulté à avoir des chiffres clairs et complets empêche d'avoir actuellement ( à la mi-avril) des études précises à l'échelle mondiale, européenne, mais également belge. 

Pour Charlotte Martin, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles, il n’y cependant pas lieu de céder à la panique : "On suit de près ce taux de mortalité depuis le début de l’épidémie. On n’a pas l’impression que cela évolue beaucoup. Au fur et à mesure que les chiffres arrivent, on tourne toujours aux alentours de 2-3% de taux de mortalité, sachant qu’on est même plus proche des 2%. Il faut savoir qu’avec la grippe saisonnière, on est autour des 0,5 et 1% mais si vous prenez les personnes fragiles et les publics à risque, on peut monter jusqu’à 6% de taux de mortalité pour la grippe saisonnière. Et donc, si on met cela en perspective, le taux de 2-3% dans le cas du coronavirus reste relativement modéré".

D’où provient cette confusion ? De l’interprétation qui est faite des chiffres. Pour Arnaud Fontanet, spécialiste de l’épidémiologie des maladies émergentes et professeur à l’Institut Pasteur, il convient de garder à l’esprit que seulement 8 à 10% des décès imputés à la grippe saisonnière, sont directement liés au virus de la grippe. Les 90% restants sont en fait des décès indirects, généralement des personnes âgées, qui à l’occasion d’une grippe vont décompenser une autre infection comme un infarctus du myocarde, une bronchite-chronique ou autre. "Le ressenti des morts de la grippe n’est pas du tout le même parce que ce sont des morts indirects. Dans le cas du coronavirus, les décès sont plus directement reliés à cette nouvelle maladie et le vécu s’en retrouve beaucoup plus difficile", a-t-il expliqué sur les ondes de nos confrères de France Inter.


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Un risque pour les personnes du troisième âge

Au fil des semaines, il s'est confirmé que comme pour la grippe saisonnière, les seniors sont les plus à risque. Dans le cas du coronavirus le taux de mortalité atteint 14,8% en Chine. En Belgique, plus de la moitié des décès a eu lieu dans les maisons de repos. En Italie et en France également, les seniors représentent une part importante des décès.  

Les patients déjà atteints de maladies cardiovasculaires sont les plus menacés par une issue fatale, devant les diabétiques ou les personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques ou d’hypertension. Par ailleurs, très rares sont les décès à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans.  même si au moins deux nouveau-nés ont été contaminés dans le ventre de leur mère. Jusqu’à 39 ans, le taux de mortalité reste très bas puis s’élève progressivement avec l’âge. Les hommes sont plus menacés que les femmes par une issue fatale. Les fumeurs sont eux aussi plus exposés.

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80% des patients souffrent juste d’une forme bénigne de la maladie

Le Centre chinois de contrôle et prévention des maladies a publié une étude portant sur 72.314 cas confirmés, suspects, diagnostiqués cliniquement et asymptomatiques. Il s’agit de la plus importante étude menée depuis le début de l’épidémie et selon ses résultats la maladie est bénigne dans 80,9% des cas, "grave" dans 13,8% des cas et "critique" dans 4,7% des cas. D'autres études sont en cours mais nécessitent du recul afin d'être fiables. Différents 

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Chine : les chiffres sont-ils fiables ?

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Quels modes de transmission ? Comment se protéger ?

Incontournable des villes asiatiques, avant même l'épidémie de Coronavirus, le masque sanitaire n'est efficace que dans certaines circonstances bien spécifiques.
Incontournable des villes asiatiques, avant même l'épidémie de Coronavirus, le masque sanitaire n'est efficace que dans certaines circonstances bien spécifiques. © Yaroslav Mikheev - Getty Images

Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique. La transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. Les scientifiques estiment que cela nécessite une distance de contact rapprochée (environ un mètre et demi).

Certains estiment cependant que le COVID-19 pourrait se transmettre par aérosol. "Avec la transmission par aérosol, le virus se retrouve dans des particules beaucoup plus fines, donc il peut se transmettre beaucoup plus loin. C’est possible dans le milieu hospitalier. Mais en extérieur, c’est autre chose. Et dans le rapport de l’OMS en Chine, les experts chinois, les plus expérimentés pour ce qui est du coronavirus pour le moment, disent noir sur blanc que la transmission par aérosol est possible, mais que ce n’est pas un élément moteur de la transmission", indique Marius Gilbert, chercheur en lutte biologique à l’ULB.

En revanche, rien n’indique pour le moment que le coronavirus pourrait se transmettre au fœtus lors de la grossesse ou au bébé pendant l’allaitement, selon des chercheurs louvanistes dans une étude publiée dans la revue médicale Tijdschrift voor Geneeskunde.

Les scientifiques se sont basés, pour établir leur conclusion, sur les données disponibles dans la littérature internationale à propos de 37 femmes dont l’infection au Covid-19 a été confirmée. Les auteurs relèvent que les lignes directrices internationales ne recommandent pas d’éviter l’allaitement par les mères contaminées.

Pour se prémunir d’une contamination, les autorités sanitaires insistent sur l’importance des mesures-barrières : se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir jetable, porter un masque si on est malade.

Il y a masque et masque

Incontournable des villes asiatiques, avant même l’épidémie de Coronavirus, le masque sanitaire semble le meilleur moyen afin de se protéger, semble. Car pour l’épidémiologiste Marc Van Ranst, il ne faut certainement pas passer sa vie avec un masque sur le visage. Cela serait, selon ce spécialiste coronavirus, même très peu utile. "Cela ne met pas à l’abri de l’épidémie. Par contre, le masque est judicieux pour les personnes potentiellement contaminées, qui toussent et qui éternuent. Cela pourra éviter une transmission à d’autres". D’autant plus qu’il existe différents types de masques, à l’efficacité variable.

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Un vaccin plus rapidement que prévu ?

Coronavirus: mortalité, symptômes, transmission, traitements, incubation, le vrai du faux
Coronavirus: mortalité, symptômes, transmission, traitements, incubation, le vrai du faux © Manjurul - Getty Images/iStockphoto

Une société pharmaceutique américaine, Moderna, a pour sa part annoncé avoir développé un pré-vaccin prêt à être testé sur l’homme. Moderna a envoyé celui-ci au NIH/NIAD (National Institute of Allergy and Infectious Diseases) afin que celui-ci puisse effectuer les premiers essais cliniques vers la fin avril. Selon le protocole en vigueur, une vingtaine de volontaires sains devraient tester ce vaccin.

Les premiers résultats devraient être connus pour le mois d’août. S’ils s’avèrent positifs, cela permettrait d’avoir un vaccin opérationnel pour l’hiver 2020-2021. L’information est d’autant plus intéressante que jusqu’à présent les scénarios les plus optimistes faisaient état d’un vaccin pour la fin de l’été 2021.

Quel niveau de contagion ? 14 jours d’incubation ?

Une étude de chercheurs du centre des maladies infectieuses de l'Imperial college de Londres "estime qu'environ les deux-tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indetectés au niveau mondial.
Une étude de chercheurs du centre des maladies infectieuses de l'Imperial college de Londres "estime qu'environ les deux-tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indetectés au niveau mondial. © PeopleImages - Getty Images

Les spécialistes semblent s’accorder sur le fait que chaque malade infecterait entre 2 et 3 personnes (ce qu’on appelle le "taux de reproduction de base" de la maladie, ou R0). C’est plus que la grippe (1,3), nettement moins que la rougeole (plus de 12), et comparable au Sras (3). Cependant le patient-1 en Italie aurait à lui seul infecté une dizaine de personnes.

D’autre part, certains mettent en garde sur une sous-estimation possible du nombre de cas. Ainsi une étude de chercheurs du centre des maladies infectieuses de l’Imperial college de Londres "estime qu’environ les deux-tiers des cas de Covid-19 sortis de Chine sont restés indetectés au niveau mondial, avec pour résultat potentiel des chaines multiples non-détectées de transmission humaine hors de Chine". Cette hypothèse pourrait expliquer l’apparition de foyers multiples en Italie.

Le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a d’ailleurs exprimé sa "préoccupation face au nombre de cas sans lien épidémiologique clair, tels que les antécédents de voyage ou les contacts avec un cas confirmé". Une des préoccupations pourrait être les cas asymptomatiques, avec des patients infectés ne présentant aucun signe de la maladie. La durée d’incubation, estimée selon les études entre deux et 10 jours, a conduit à fixer à 14 jours la période d’observation ou de quarantaine pour les cas suspects et les personnes rapatriées.

Les chiffres chinois sont-ils fiables ?

Depuis la question de l'exactitude des chiffres chinois a soulevé de vifs questionnements un peu partout sur la planète. Cependant, il semble néanmoins que les proportions soient tout à fait vraisemblables. 

INVITÉ : Marius Gilbert épidémiologiste à l ULB

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